dimanche 29 décembre 2013

la sage-femme déménage

déménager, c'est un peu comme gérer une garde chargée. genre "des dizaines de femmes arrivent en même temps, vous devez les accueillir, faire l'examen clinique, le diagnostic, la prise en charge et l'orientation". vous visualisez?

les hommes ont donc joué les futurs papas stressés et ont dépotés les futures mamans, enfin plutôt les meubles et cartons, au milieu de la salle.

charge à moi et mon aide-soignante (alias ma copine venue nous aider) de faire le tri.

"celui là, ya marqué "verres à pied", il va où? - dans le garage! - et celui marqué "tissus"? - dans mon atelier!

le temps d'un aller retour des hommes, le premier flot était trié, rangé, la salle prête à accueillir de nouveaux patients!

quelques cartons nous ont posé des soucis de diagnostic (message à mon homme: si tu pouvais noter les symptômes sur TOUS les cartons, hein!), mais on s'en est sorti et en moins d'une journée la maison était habitable!

à l'année prochaine!

mercredi 18 décembre 2013

l'Hiver vient, parait-il.

et les sages-femmes sont en colère. les sages-femmes sont dans les rues.
ne m'y cherchez pas. je n'y suis pas.
je ne suis pas en grève.
je ne manifeste pas.

non pas que je ne sois pas d'accord avec la génèse du combat.
oui, j'estime que mon métier n'est pas aujourd'hui suffisamment reconnu dans notre société.
oui, j'estime que je suis bien mal payée pour mes 5 ans d'étude et les responsabilités que je prend tous les jours.
oui, j'estime que notre profession doit être considérée pour ce qu'elle est dans la loi, une profession médicale, au même titre que les médecins et les chirurgiens dentistes.

mais je n'ai pas assez d'éléments pour me faire une idée sur les propositions des syndicats (que je mélange allégrement, d'ailleurs).
sortir du titre 4 de la fonction publique? pour quelle balance avantages/inconvénients?
devenir praticien hospitalier? contre une augmentation de notre durée de travail, en heures par semaine et en année?

je n'ai pas assez d'élément pour me positionner.
je n'ai pas trouvé (cherché? ) les réponses.

je ne dois pas être assez en colère.

il y a beaucoup d'autres choses qui me mettent en colère.
j'ignore si changer le statut des sages-femmes changera fondamentalement l'obstétrique en france.
j'ignore si améliorer notre reconnaissance me permettra de faire mon métier comme j'aimerais vraiment le faire.

je ne suis pas assez utopiste pour l'espérer.

samedi 14 décembre 2013

entre leurs mains

paris, un soir.

je vous passe l'aventure de la conduite parisienne, qui me surprendra/me flippera toujours. après avoir manqué d'emboutir je ne sais combien de voitures/motos/scooters/piétons, nous sommes arrivés à bon port (en retard, remercions au passage les bouchons... )

des images magnifiques, des vérités tellement évidentes mais tellement surprenantes tant notre vision de l'obstétrique est biaisée...

beaucoup d'élèves sages-femmes dans la salle visiblement.
ça m'a surprise. il n'y a pas si longtemps, j'étais à leur place. la question de l'accouchement à domicile était tabou, du moins dans mon école, et je ne crois pas que la directrice aurait vu d'un très bon oeil que nous allions à ce genre de soirée.
la physiologie était absente, ou presque, de nos cours, laissant place à toutes les pathologies existantes, certaines que je ne verrais sans doute jamais tant elles sont rares, certaines qui me concernent à peine...
on apprenait dès le premier stage en salle à préparer le pousse seringue de syntocinon, on apprenait que toute femme en travail devait subir le protocole "péri-synto-rupture"...

l'une des sages-femmes, Jacqueline, demandait ce soir-là ce qu'était une sage-femme aujourd'hui.

si on regarde la formation des ESF, ce sont de parfaites techniciennes, capables de poser des perfs, des monitos, de surveiller une tension, de partir au bloc en courant, de réanimer un nouveau-né.

mais les compétences de sage-femme, celles qui font notre spécificité?

ce n'est pas à l'école que j'ai appris à écouter la respiration et le son d'une femme en travail pour en évaluer la progression.

ce n'est pas à l'école que j'ai appris à faire attention au confort de la femme qui vient d'accoucher, afin de favoriser la délivrance.

ce n'est pas à l'école que j'ai appris à ne rien toucher.

ce n'est pas à l'école que j'ai appris à me taire et à juste être là, à poser une main pour apaiser, à communiquer par le geste toute ma force à la femme qui accouche.

ce n'est pas à l'école que j'ai appris à être la sage-femme que je voulais être.

au-delà du combat pour la naissance "libre", je crois que c'est toute la vision de l'obstétrique, toute la formation des futures sages-femmes qui est à revoir.
réapprendre à respecter la physiologie, que ce soit à la maison, en maison de naissance ou à l'hôpital.
le jour où notre société aura enfin pris largement conscience de l'importance de la naissance pour la construction de l'homme... 

dimanche 8 décembre 2013

carrefour des métiers

"et vous madame, pourquoi vous avez fait sage-femme? "
ils sont mignons ces petits 3e, un peu désenchantés par l'avenir qui les attend, mais m'écouter parler de mon métier les intéressent, visiblement...
mais oh, que je n'aime pas cette question...
et toi, qu'est-ce que tu fais là?
ben j'en sais rien gamin, j'en sais rien...

quand j'étais petite, je voulais devenir "puéricultrice", comme je disais, toute fière de ce chouette mot ! "c'est celle qui s'occupe des bébés dans les crèches!"

et puis, j'ignore pourquoi, j'ai abandonné cette idée. sur les petites cartes de présentation qu'on nous faisait remplir au début de l'année, je marquais "vétérinaire équin". on reste dans le soin, vous me direz! j'ai gardé cette idée jusqu'à la fin du collège.

un jour, je suis tombée sur un livre écrit par un médecin légiste, qui racontait ses enquêtes... j'ai adoré. c'était décidé, je deviendrais légiste!

à l'école, ça se passait bien. le genre première-de-la-classe, voyez-vous. mais le genre première qui est première sans bosser ou presque. le genre qui énerve, quoi.

en seconde, je me suis faite copieusement enguelée par le prof de maths. moi, en médecine? un gâchis, avec mes prédispositions pour les chiffres! mais les chiffres, j'aimais ça comme on aime un hobby. pas pour en faire mon métier. (pour la petite anecdote, en médecine ensuite, pour me détendre entre 2 révisions, je m'amusais à développer ou factoriser des calculs - ne riez pas... )

j'ai donc passé un bac S, spécialité maths. option latin et arts plastiques, histoire de faire un peu bizarre, dirons nous.

un bac obtenu avec mention sans travailler ou presque, cerveau bizarre oblige...

et je suis arrivée en médecine.

jusque là, il me suffisait d'écouter et comprendre pour retenir. mais là, on me demandait d'apprendre par coeur des choses qu'on m'expliquait à peine.
autour de moi, ce n'était qu'esprit de compétition. on se réjouissait de l'épidémie de gastro survenue un jour de partiels. on "volait" les cours de ses soi-disant amis...

je n'étais pas à ma place.

mes parents avaient tenu à me payer une "école parallèle", sorte de boite à concours à l'ambiance peu plaisante, chère et sélective.

le 1er semestre, je me suis classée dans les 280, si je me souviens.

je me souviens surtout du regard méprisant du directeur à l'annonce des résultats.

le 2e semestre, je n'ai plus mis les pieds à l'école. je bossais chez moi, bien plus efficacement sans le poids du concours.

j'ai terminé l'année à 15 places de la dernière sf prise. et avec une certitude: je ne continuerais pas en médecine. il y avait cette voie, après "médecine" et "dentaire", sur la feuille de choix...
"sage-femme"

j'ignorais complètement ce qu'était précisément une sage-femme.

mais l'année suivante, j'ai bossé comme une malade, dormi 4h par nuit, fais des crises d'angoisse, mis ma santé mentale en danger, et ignoré mes parents persuadés que je prenais cette voie par défaut car je n'étais pas capable d'avoir médecine, jeté les papiers où ma mère me notait les dates des concours d'infirmière.

j'ai eu médecine, et à l'appel de mon nom dans l'amphi, c'est avec fierté que j'ai énoncé mon choix.

j'ignorais où j'allais. mais j'y allais.

vendredi 29 novembre 2013

contraception

elle vient prendre la pilule du lendemain. elle n'a pas de contraception. pas encore, du moins. sa gynéco lui a dit d'attendre ses règles pour commencer sa pilule...

elle vient prendre la mifegyne. elle ne prenait plus de contraception, ne supportant plus la pilule après une hépatite. mais son gynéco ne veut pas lui prescrire autre chose. parce que le stérilet, c'est pour les femmes mariées, a-t-il dit...

elle revient du bloc où elle vient de faire une IVG par curetage. elle avait retiré son stérilet "périmé", et attendait sur ordre de son gynéco le prochain cycle pour en reposer un.

parfois j'aimerais connaitre le nombre d'IVG évitables si les médecins faisaient correctement leur boulot...

dimanche 17 novembre 2013

maltraitée

je barbote dans la baignoire. j'ai mal. ça fait plus de 2 heures que la dilatation n'a pas bougé. le rythme de mon bébé est loin d'être chouette. ma collègue a mis le monito derrière moi mais je ne suis pas folle et mon oreille aguerrie ne perd rien des décélérations.

l'eau est froide, et la césarienne se profile. on passe en salle pour la péri. j'ai mal et crier pendant la contraction me fait un bien fou. mais ce n'est pas l'avis de l'anesthésiste rageur d'être réveillé à 4h du mat'. il m'engueule, je l'insulte.

4h plus tard, rien n'a bougé. et le rythme de mon fils ne s'améliore pas. la césarienne est décidée.

mais l'anesthésiste se venge. la colo programmée passera avant moi. avec interdiction pour ma collègue de réinjecter du produit d'anesthésie. parce qu'on réinjectera au bloc, hein.

sauf que la colo prendra plus de temps que prévu.

2h après, c'est hurlante, effrayée, épuisée qu'on m'emmène au bloc.

2e vengeance. mon compagnon se fait éjecter du bloc par ce con**** d'anesthésiste.

j'ai très peur, je me fais hurler dessus parce que je hurle. on ne me parle pas, on ne me regarde pas.

mon fils nait, il ne crie pas. je crie, je pleure. j'apprendrais après qu'il a crié dès sa sortie de la salle. mais personne n'a ouvert la porte.

j'entend qu'on s'agite derrière le drap. qu'on demande du pabal. l'aspiration marche à fond. "je saigne!" "mais non!" vas-y, prend moi pour une conne.

on me suture. j'ai envie de vomir. je vomis. on me somme d'arrêter.

"je te fais de la morphine." "non, ça me fait vomir!" "si, après tu vas te plaindre que tu as mal!"

je revomis.

c'est fini. je passe en salle de réveil.
fini. si on veut...

samedi 16 novembre 2013

maltraitante

ma collègue me la laisse barbotant dans la baignoire. tout va bien pour l'instant, elle est en fin de travail et sourit à l'idée de la naissance prochaine.

et puis tout s'accélère, elle se met à paniquer, hurle, s'agite, manque de se noyer.

nous la sortons de l'eau de force, j'essaie de la ramener mais je n'y arrive pas, je finis par crier moi aussi pour qu'elle m'écoute, mais ça ne fonctionne pas.

je veux l'examiner pour comprendre ce qui se passe, elle ne veut pas, je le fais de force, je lui fais mal, elle se contracte, je lui fais encore plus mal, je finis par comprendre que le bébé n'a pas tourné sa tête complètement et ne descend pas.

je met le monito, il la gêne, je la force à le garder, le rythme du bébé se dégrade.

pas le choix, je dois appeler le gynéco.

il arrive, elle s'agite encore plus, il la réexamine de force, sort les forceps, elle hurle, essaie de tirer, elle hurle, n'y arrive pas, elle hurle encore, mord son mari, manque de mordre l'aide-soignante, enlève les forceps, me dit de la préparer pour la césarienne, va se préparer.

je la sonde comme je peux, je lui fais de nouveau mal, j'appelle le bloc, elle part hurlante, apeurée, seule, et je ne peux même pas l'accompagner, j'ai d'autres patientes à aller voir...

goût amer dans la bouche.

un article en réponse à l'appel de Babeth l'auxi ... 
et une enquête ici, si vous avez quelques minutes.. 
 

samedi 2 novembre 2013

à mains nues

début d'après midi. la journée a commencé sur les chapeaux de roues mais l'équipe avait enfin pu se poser pour manger...

"ella, il y a une dame pour toi!"
la dame en question est penchée en avant, elle souffle d'une façon bien caractéristique... "ouh, on dirait que ça contracte bien! " (oui oui, des fois je me foutrais des baffes) . elle a le souvenir d'un accouchement bien long, mais mon examen la rassure: la dilatation est déjà bien avancée...

je propose la baignoire qui la soulage. la respiration change, un cri rauque commence à accompagner les contractions.

elle souhaite sortir et rejoindre la salle.  debout, appuyée sur le lit, elle annonce sentir son bébé... et elle ne se trompe pas: entre les lèvres, la tête encore coiffée de sa poche protectrice progresse. je m'agenouille, pas le temps d'enfiler des gants. et c'est à mains nues que je reçois l'enfant et le donne à sa mère...

quelques dizaines de minutes plus tard, c'est en têtant que le bébé amorcera le décollement du placenta....

une naissance toute en douceur, ça me manquait!

vendredi 27 septembre 2013

parce que reinemère nous cause de tampons... j'ai repensé à cette histoire, qui date de quelques années...

"dis, ya une jeune fille qui est là avec sa maman, elle dit qu'elle a voulu mettre un tampon pour aller à la piscine, mais le tampon ne ressort plus, il y a une peau qui a poussée devant!"

il est 22 ou 23h, je sens que si je dérange le gynéco pour ça, ça va mal aller.

et puis, je pense que la jeune fille d'une quinzaine d'année qui est devant moi préfèrera avoir affaire à moi plutôt qu'à un impressionnant homme d'âge mûr.

surtout qu'elle est vierge, la jeune fille.

la peau devant le tampon, c'est l'hymen.

qu'on a coupé, donc, pour faire sortir ledit tampon.

mais pas sans avoir fait un cours d'anatomie à la jeune fille.
et à sa mère, tant qu'à faire.

heureusement, on avait des chocolats dans notre salle de repos. parce que je ne suis pas sûre qu'elle gardera un souvenir sympathique de cette journée là...

vendredi 20 septembre 2013

la bonne nouvelle

"bon, je suis désolée, la césarienne pour demain est arrivée toute à l'heure, mais je n'ai pas eu le temps d'aller la voir! c'est une césarienne pour siège..."
"oh pas de problème, je vais déjà faire une écho, histoire de vérifier la présentation!"
"bonjour madame, je suis la sage-femme de nuit! on va faire une écho, pour vérifier si votre bébé a toujours la tête en haut, on ne sait jamais!"
"oh vous savez, il est en siège depuis le 4e mois, alors..."
"allons, on voit des choses étranges vous savez parfois! installez vous confortablement, je mets du gel, c'est un peu froid... tiens, c'est bizarre, attendez je met la sonde toute en bas... et bien vous savez quoi? vous allez pourquoi rentrer chez vous! il s'est retournée!"
"non..? vous plaisantez? c'est vrai??? "
éclats de rire et larmes de joie, de quoi bien commencer une garde...

dimanche 15 septembre 2013

conseil conjugual

2h du matin. la voix dans le téléphone est paniquée. son bébé a 4 mois, d'un coup elle n'a plus de lait, il hurle, la pharmacie refuse d'ouvrir pour une simple boite de lait en poudre...
la voix, je la connais. accompagnée pour 2 accouchements, l'un triste, l'autre gai... le hasard fait parfois bien les choses. "venez!"
la jeune femme enjouée que je connais a le cheveu terne et les cernes grises. "vous avez l'air épuisée..." elle s'effondre en larmes sur une chaise du couloir.
elle vient d'apprendre que le père de ses enfants la trompe depuis plusieurs mois.
elle repartira un peu plus tard. elle a pleuré, vidé son sac. nous avons parlé de sa relation à son compagnon, de l'attitude à avoir envers ses enfants, des solutions à sa disposition. elle repart avec du lait, le numéro de la conseillère et l'ordre pour son amie venue l'épauler de l'amener à s'occuper d'elle, à se relaxer, et à manger pour que la lactation se remette en route...
je suis presque contente de l'attitude inadmissible de la pharmacie...

mercredi 11 septembre 2013

la sage-femme et la T2A

(petit aparté, sans vous faire un cours d'économie, je n'en suis de toute façon pas capable: la T2A, c'est la tarification à l'acte - ce qui fait, en partie, le budget d'un hôpital. chaque acte réalisé sur un patient est "codé" et payé à l'hosto - en gros, je vous l'ai dit, ce n'est pas mon domaine... )

chez Grand Docteur de la T2A,

tu l'as voulu ton rendez-vous individuel, tu l'as. enfin tu sais, si j'ai osé te répondre - pas très gentiment j'en conviens - lors de la réunion avec l'équipe, ce n'est pas pour m'écraser seule devant toi.

j'ai bien compris l'importance de la T2A, en même temps, tu m'en as un peu parlé en long en large et en travers - je suis pas débile, j'ai compris.

je code ces putains d'actes , t'inquiètes pas, même à 3h du matin quand j'ai la tête dans le gaz après 3 naissances, même quand ce put*** de logiciel refuse de me valider le truc à cause de cette put*** d'erreur 67.

mais si tu veux pas m'énerver, arrête.

arrête de me dire que la T2A, c'est la reconnaissance de mon travail.

arrête de me dire que la T2A, ça doit être ma priorité.

tu sais quoi? les accouchements où je code le moins de truc, juste l'accouchement, pas de péri, pas d'épisio, pas de forceps, pas de césar...
et bien, c'est sûrement ceux où je bosse le plus.

le jour où ta T2A codera les massages, les mots de réconfort, les mains serrées, les bercements, le souffle, les positions... le jour où il y aura une série de chiffres et de lettres pour les heures passées à aider aux mises aux seins, à bercer un bébé, à être assise sur un lit avec une jeune maman en larmes dans les bras...
là, j'aurais peut-être un peu de respect pour ton truc.

les actes, ce n'est pas mon métier. mon métier, ce sont toutes ces petites choses qui ne sont pas comptées, pas quantifiables.

c'est ça, ma priorité.

mais ça ne paye pas, hein?

mardi 3 septembre 2013

la vie est chienne

elle se réjouissait d'être grand mère. son histoire est faite de choix et de douleurs, d'enfants partis avant de naître, d'enfants venus qui font sa joie... et puis ce bébé s'annonçait, cet enfant qui l'appellerait mamie... sa fille, elle, sautait de joie, après un premier trimestre bien compliqué...

et puis l'écho, et son diagnostic si terrible... ce bébé ne grandira pas.

elle m'a demandé de parler à sa fille des médicaments qu'elle allait prendre, de leurs effets, de répondre à ces questions que toutes les mamans qui passent par cette épreuve se posent... moments si difficiles déjà face à une patiente lambda, encore plus si possible lorsqu'on connait la jeune femme en face...

une prochaine garde, je lui donnerais ces comprimés terribles qui arrêtent toutes les grossesses, désirées ou non...

ce jour là j'aurais une pensée particulière pour une autre amie et un autre petit ange.

septembre est décidément un mois cruel.

dimanche 1 septembre 2013

90h

je remplis le dossier, et malgré l'heure tardive, j'arrive encore à calculer. à quelques heures près, cette jeune maman atteignait les 4 jours de rupture de la poche des eaux.
90h.
2 propess, ce petit tampon que l'on place au fond du vagin afin de faire mûrir le col, et déclencher le travail - 2 propess qui ne déclencheront rien du tout, après les 24h d'attente post rupture....
3 pousses seringues de syntocinon, 3 ampoules, 15 UI en tout, un pousse seringue monté à la vitesse de 13.5 ( à raison de 5UI par PSE, diluées dans 50cc, pour ne pas vous perdre).
11g de clamoxyl.
rythme du bébé parfait jusqu'au bout, signes infectieux absents, CRP très faible, température maternelle normale, liquide amniotique clair - tout cela a fait qu'à aucun moment nous n'avions eu de raison valable d'arrêter de nous acharner à déclencher le travail.
elle a accouché voie basse, sans le moindre souci, au bout de ces 90h.
j'ignore si nous devons être fiers, ou se traiter de parfaits inconscients.
en tout cas eux, sur le sms d'annonce envoyé à la famille, ont marqué "et même pas de césarienne!" . et ils en sont heureux. 

dimanche 25 août 2013

extrèmiste

séance de préparation à la naissance.
j'assure les séances sur l'allaitement. parce que j'aime bien, parce que c'est mon dada.
mes explications touchent à leur fin, nous discutons de la durée idéale de l'allaitement. j'explique la position de l'oms, 6 mois exclusif et 2 ans diversifié...
"franchement, les femmes qui allaitent plus de 12 mois, ce sont des hippies qui se droguent non? "
je désigne mon jean, ma blouse blanche, ma queue de cheval.
"ai-je l'air d'une hippie ou d'une droguée?"
ma vie personnelle ne rentre normalement pas dans mon métier, mais parfois, il faut faire des exceptions.
"pourtant je vous assure, mon fils a dépassé les 12 mois depuis un moment"
la future maman en face de moi en reste bouche bée. les autres, amusées, étouffent des rires.

dimanche 18 août 2013

souvenirs

l'école de sages-femmes me semble loin, très loin. j'ai tellement remis en cause une bonne partie de ce que j'y ai appris... je repense parfois à ces stages, à ceux qui m'ont appris beaucoup, à ceux qui m'ont laissé un goût amer... à ces accouchements où je me suis sentie mal, si mal...

c'est une... je ne sais plus. 3e ou 4e pare me semble-t-il. elle a son pousse seringue de synto (la première chose que l'on apprend à préparer... ), les pieds dans les étriers, elle pousse. je suis en dernière année, avec une sf que je n'apprécie guère... elle me hurle dessus, me stressant plus que nécessaire.
la petite tête sort. violette, cernée par un double circulaire du cordon.
paniquée par les hurlements de ma future consoeur, j'emmêle les pinces je ne sais comment, et accroche les cheveux du bébé au passage.
m'attirant de nouvelles réprimandes hurlées dans mon oreille...

jeudi 15 août 2013

consult'

quand ma collègue est en vacances, je fais les consults.
j'aime bien les consults.

il y a les papas, les grandes soeurs, les grands frères, les mamies, les copines... qui accompagnent la future maman, qui traduisent parfois, qui rappellent "mais si attend l'autre jour t'as dit que t'avais ça et ça!"...
ya celles que j'avais vu pour la dernière grossesse, enfin l'avant dernière, celles qui ont accouché avec moi "mais oui c'était avec vous, je me souviens!" , qui du coup me montrent combien il a grandi ce bébé là, mon dieu il rentre déjà à l'école...
ya celle qui me regarde avec des grands yeux: "mais on faisait du yoga ensemble il y a 2 ans!" ah oui c'est vrai, on va dire que j'avais pas le même tour de taille à l'époque!
ya celle qui n'a pas fait de prises de sang de toute sa grossesse, oups, mais vous comprenez, il y en a 4 devant, c'est compliqué d'aller au labo...
et la 6e pare à terme qui part en vacances, en espérant ne pas accoucher là bas, "mais j'emmène le landau, au cas où!"
et cette autre à qui je déconseille le voyage en voiture au maroc, la suivante ce sera pour la turquie, une 3e pour l'espagne...
celles à 15j du terme, les yeux cernés, qui n'en peuvent plus, et les maris qui regardent leurs pieds quand je dis malicieusement qu'il faut les mettre à contribution pour déclencher...
celle à 6 mois, épuisée, avec une hémoglobine dans les chaussettes...
ces jeunes primipares, isolées, qui me trouvent des prétextes bidon pour ne pas venir en prépa, mais qui angoissent à l'idée de la naissance...

c'est chouette les consults.


mardi 6 août 2013

in english

le gynéco vient de sortir de son bureau, le dossier de ma prochaine patiente à la main.
"au fait, comment on dit sage-femme, en anglais?"
"midwife"
euh attend là, 2 secondes. il est 16h, je viens d'enchainer 12 consultations, j'ai signé des dizaines de bilan... pourquoi tu me demandes ça? la patiente là, devant moi, qui sourit...
elle parle pas français?
ben non.
elle est tchèque.
j'ai du bol, elle parle anglais.
si un jour vous êtes déprimé, vous hésitez pas, vous me trouvez une patiente qui parle anglais, et vous me l'envoyez en consult. je vous jure, vous allez bien rire...
you can, euh... comment on dit déjà? sid down? ah oui c'est ça. so, you have to take a rendez-vous with the anesthesist. why? because, if euh, the euh... delivery, yes! if something is bad with the delivery, the anesthesist have to have a paper .
marrez vous, marrez vous...
maintenant, je croise les doigts pour ne pas l'avoir à l'accouchement!!!

vendredi 21 juin 2013

antécédents

son dossier a tout pour faire peur: 5e enfant, antécédents d'accouchements longs, de délivrances artificielles, d'hémorragies... j'avoue, je n'en mène pas large cette nuit là.

mais, arrivée 20mn avant à 3cm, voilà que ça pousse... nous passons en salle, elle crie "il faut que je pousse", s'allonge sur le côté, et son bébé nait...

10mn après, voilà le placenta. les pertes resteront normales, aucun souci de ce côté là..

simple chance ou effet de la prise en charge "souriante, respectueuse, gentille" (ce sont ses mots) depuis le début de sa grossesse, bien loin du souvenir qu'elle avait de la "grande maternité"?

lundi 10 juin 2013

journée physio

je viens à peine d'enfiler ma tenue quand un hurlement se fait entendre de la baignoire où ma collègue de nuit vient d'installer une future maman... "ça pouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuusse!!!" nous enfilons des gants, la tête est là... le couple avait fait un projet de naissance, ils ont eu l'accouchement dont ils rêvaient... la journée commence bien!

en fin de matinée, arrive une autre future maman, un autre projet de naissance... elle est calme, souriante, surprise que la dilatation annoncée soit si importante... installée dans sa chambre, elle bouge, fait du ballon, arpente les couloirs... la petite tête met du temps à descendre mais le col est souple...
quelques heures après, les contractions s'intensifient... en salle, elle se suspend à l'écharpe, assise sur le siège de naissance... l'enfant est bientôt là...

que j'aime ces gardes pleines de physiologie...

dimanche 2 juin 2013

douche.

lorsqu'elle arrive au milieu de la nuit, je suis sceptique: des contractions non douloureuses depuis moins d'une heure... le travail démarre tout juste mais à sa demande je la garde, et l'installe dans sa chambre. "si vous avez besoin de moi, je suis là!" "non non, mais tout va bien!" je reprend donc mon tricot, et passe régulièrement voir si tout va bien... me faisant congédier systématiquement!

2h après son arrivée, elle me demande de vérifier l'avancée du travail. 7cm, mais une tête encore haute dans le bassin. elle décide d'aller sous la douche dont je l'assure qu'elle pourrait être bénéfique.

je ne croyais pas si bien dire... un quart-d'heure après un cri retentit: "ya quelque chose qui sort!" un sprint dans les couloirs, et quelques minutes plus tard elle sert son bébé de + de 4 kilos dans ses bras...

samedi 1 juin 2013

craquement

quelques heures auparavant , ma collègue lui a posé le propess, petit tampon destiné à favoriser la maturation du col... c'est le début de nuit et le travail se lance... elle ne souhaite a priori pas d'analgésie et s'accroche au cou de son mari pendant les contractions...
la dilatation progresse vite et nous marchons tranquillement vers la salle de naissance...
elle s'installe sur le côté, dans les bras de son mari. assise derrière elle, j'écoute par intermittence le coeur de son bébé, et, ma main dans le bas de son dos, masse la zone douloureuse pendant les contractions.
soudain, je sens, sous ma main, un craquement significatif. son cri "je suis trempée!" me confirme mon impression... je viens, sans nul doute, de sentir la poche se rompre...
la petite tête, elle, est là, et c'est une dizaine de minutes plus tard qu'elle met au monde son joli bébé de 4 kilos... 


jeudi 30 mai 2013

d'autres souvenirs

il y a 2 ans, c'était dans la douleur que nous nous étions rencontrées. un dimanche ensoleillé, son petit avait décidé de partir avant de naître... quelques jours plus tard, c'est dans la nuit et avec moi qu'elle l'avait mis au monde, dans le silence terrible de cette salle de naissance...

je savais qu'elle était de nouveau enceinte, l'avais vue une ou deux fois au gré des consultations. l'avais rassurée à la date anniversaire de son ange...

et puis ce matin là, elle était en salle quand je suis arrivée...

naissance magique, larmes de joie...

"je suis contente que ce soit vous... au moins, nous aurons de jolis souvenirs ensemble..."


lundi 6 mai 2013

tout doucement

"vous êtes à 9cm!" il est 9h du matin, et la future maman me regarde les yeux ronds. 9cm? pourtant, cette nuit, tout semblait aller si doucement... et soudain cette naissance est si proche...
elle est seule en travail ce matin là, j'ai tout mon temps pour elle... elle s'installe sur le côté, son mari à son chevet, je m'assoie derrière elle, écoutant de temps en temps le galop du petit coeur tranquille...
elle pousse, sans bruit. la salle est silencieuse, d'un silence trompeur qui ne laisse pas penser qu'un petit être arrive au monde...
je surveille tranquillement l'avancée du petit dans le bassin maternel. la petite tête déforme le sacrum, le coccyx, puis le périnée... l'enfant est là, juste derrière. elle est toujours tranquille...
dans une dernière poussée, la délivrance. accompagnée d'un petit cri de joie :"oh oui oui oui!"
et l'enfant paisible trouve sa place contre le giron maternel. tout doucement.

dimanche 5 mai 2013

5 mai

il est 8h du matin. pfffiou, allez, un petit tour dans le service. Une femme est en travail, elle ne souhaite pas de péridurale. elle aimerait bien un peu de soutien, du conseil... "non mais ça va bien, mettez lui la péri, ce sera plus simple pour tout le monde!"

Les consultations prénatales commencent, s'enchaînent. petit interrogatoire rapide, poids, tension, palpation, TV, à la suivante. des questions? regardez sur internet, vous trouverez vos réponses. vous êtes quoi? inquiète pour l'accouchement? mais ne vous inquiétez pas madame, nous on sait, faites nous confiance, et tout se passera bien. des quoi? cours de prépa? qu'est-ce que c'est que cette invention alors! pas besoin de se préparer, avec la péridurale aujourd'hui, vous ne sentirez rien, on s'occupe de tout!

un appel du service. une jeune maman a besoin d'aide pour son allaitement. "j'ai autre chose à faire là, dites lui de donner des biberons, pourquoi veut-elle donner le sein? elle se prend pour une vache?"

allons bon, voilà le téléphone qui resonne. c'est la patiente de ce matin, à complète. allez hop, direction la salle. allez madame, sur le dos! comment ça, vous êtes mieux sur le côté? non mais c'est quoi ce cirque, je ne vais pas me contorsionner quand même! non non, vous attendez que je vous dise pour pousser! bon allez, j'ai du boulot moi, passez moi la ventouse et les ciseaux, ça ira plus vite. tenez, le gosse est là, emmenez le, pesez le, nettoyez le. moi je suture. bon madame, posez les fesses, je n'arrive à rien là. vous avez quoi? mal? ah ben oui, je vous l'avais dit de prendre la péridurale hein. allez hop, fini, rallongez la.

re-consultation. de contraception, cette fois. bon madame, je vais vous donner une pilule, c'est très bien, la pilule! quoi? vous êtes tombée enceinte sous pilule? oui, et bien vous n'avez qu'à la prendre correctement, aussi... ça diminue votre libido? allons allons, c'est dans votre tête... 

pfffiou, une petite pause. rêvons un peu, tiens. si seulement il existait une profession dont ce soit le métier, de s'occuper des femmes en bonne santé, des grossesses normales, des accouchements physiologiques, des allaitements...

le médecin secoua la tête. allez, ne rêvons pas, les consultations m'attendent...





 Evidemment, ceci est une caricature.


Le 5 mai célèbre la Journée Internationale de la Sage-femme. Partout dans le monde, des femmes deviennent mères, des enfants naissent. Leur santé nous tient à coeur, de même que leur bien-être émotionnel. Partout dans le monde, les conditions entourant cet événement peuvent être difficiles, chacune à leur échelle. L'International Confederation of Midwives  souligne le rôle essentiel des sages-femmes auprés des femmes.  
Pour appuyer l'appel de l'ICM, dix bloggeuses et blogueurs sages-femmes ont imaginé un monde où leur profession n'existerait pas...
A lire chez...
10lunes : http://10lunes.canalblog.com/
Bruit de Pinard : http://bruitsdepinard.canalblog.com/
Miss Cigogne : http://misscigogne.overblog.com/
Marjeasu : http://marjeasu.blogspot.fr/
Knackie : http://betadinepure.eklablog.com/
Ellis Lynen : http://ellis-lynen.over-blog.com/
NiSorcièreNiFée : http://nisorcierenifee.wordpress.com/
SophieSageFemme : http://liberteegalitematernite.com/
Jimmy Taksenhit : http://orcrawn.fr/

dimanche 21 avril 2013

perdu de vue

c'est le début de nuit. elle attend son 3e enfant, mais le premier avec ce papa-là. papa qui, un peu angoissé, accumule les allers-retours avec l'extérieur pour fumer une cigarette...
l'enfant, lui, n'attend pas. la péridurale bien dosé laisse sa maman ressentir l'envie de pousser.
mais le papa est introuvable. son téléphone est sur répondeur, et la standardiste ne le trouve pas. elle ira même dans la rue devant l'hôpital, criant son nom. personne.

le bébé progresse et il est bientôt à la vulve. la maman décide de ne plus patienter... c'est le moment que choisit le futur papa pour revenir, essouflé, un peu paniqué ...

enfin, elle peut y aller. elle attrape ses cuisses, prend une grande inspiration, et en 1 poussée, met son petit au monde.


samedi 13 avril 2013

Odile n'est pas féministe

les sages-femmes subissent depuis quelques temps, dans un nombre conséquent de médias, les attaques d'une gynécologue qui, parce qu'elle a un jour étudié de près le clitoris, se targue de porter la paroles des femmes ...
charlie hebdo nous a gentiment offert 2000 caractères pour lui répondre. merci, vraiment! mais 2000, c'est bien peu!
odile, je vais te répondre un peu plus longuement ici, si tu veux bien?

je suis sage-femme, odile. je n'ai ni gourou, ni dieu. je ne fais partie d'aucune secte.
je ne sis pas médecin. je n'ai pas la prétention de l'être.
je suis garante de la bonne santé de mes patientes. en cas de pathologie, je passe le relais et je travaille en collaboration avec le médecin.
je ne sais pas ce que tu as vécu pour avoir tant de griefs contre les sages-femmes. je ne sais pas ce que tu as subi pour t'être à ce point coupé de ta nature de femme...
les femmes ne sont pas dépendantes de la médecine, odile. elles sont capables de s'écouter, de se connaitre... leur corps ne nous appartient pas. fais-tu confiance à tes patientes? entends-tu leur ressenti, leurs craintes, leurs sensations? as-tu le temps, en quelques minutes?

que sais-tu du combat "une femme, une sage-femme"? tu nous parles de la santé des femmes, tu t'étales sur ce sujet... et bien justement, une femme, une sage-femme, c'est ça. que chaque femme puisse être suivie par la même sage-femme. parce que quand on se rencontre régulièrement, quand on se connait bien, on dépiste plus vite les pathologies. et on se sent en confiance. c'est important, la confiance...

de quoi a besoin la femme qui accouche? pas de technicité. pas de perfusion. pas de médecine. mais de calme. de confiance. de sérénité.
c'est cela, les maisons de naissance, odile. des lieux sereins. alors bien sûr, il n'est pas question que toutes les femmes y accouchent. il y a celles qui ne pourront pas. et celles qui ne voudront pas.  celles qui, pour accueillir sereinement leur bébé, ont besoin de la péridurale qu'offre la médecine. où as-tu vu, odile, qu'on refusait la péridurale lorsque c'était le choix de la femme? où as-tu vu que nous étions des sadiques prêtes à tout pour que les femmes souffrent?

et l'allaitement... tiens, parlons-en, de l'allaitement! la pression, vraiment? sais-tu combien de femmes arrêtent d'allaiter sous la pression de leur médecin? "il ne prend pas assez de poids, votre lait n'est pa nourrissant..." sais-tu combien arrêtent à regret à la reprise du travail? combien sèvrent devant la pression de l'entourage, au bout de quelques mois? sais-tu, odile, ce qui est le plus important dans la réussite d'un allaitement? la confiance, encore. la confiance de la femme en sa capacité à nourrir son enfant...

et la contraception... ah, la contraception! une histoire de confiance, là encore... là pour le coup, il faut s'en remettre à la médecine, en général. faire confiance à quelque chose d'extérieur. hors, n'est-il pas plus simple de faire confiance à quelque chose que l'on a choisi en toute connaissance de cause? et combien de femmes se sont vues imposer une contraception, choisie par le médecin, par habitude, par conviction, que sais-je...

je vais te raconter une histoire. il y a 3 ans, j'ai suivie et accompagnée pour son accouchement une femme qui n'avait aucune confiance en elle. elle a accouché, sous péridurale parce que c'était son choix, mais sans autre aide extérieure. il y a quelques jours, elle a mis au monde son 2e enfant. pendant sa grossesse, nous avion beaucoup parlé... je n'étais pas là à son accouchement, mais quand je suis allée la voir, elle m'a dit cette chose qui m'a beaucoup touchée: "si j'ai bien accouché, c'est parce que tu m'as donné confiance"...

la confiance, Odile. c'est cela mon métier. faire en sorte que les femmes se connaissent et se fassent suffisamment confiance pour se passer de la médecine. tu n'es pas féministe, odile. être féministe, c'est donner aux femmes le pouvoir sur leur corps, le pouvoir sur leur nature de femme.

samedi 16 mars 2013

comment ça, je vais pas avoir la péri???

minuit. c'est son 4e enfant. elle m'a appel&é un peu plus tôt, avec des contractions tous les quart d'heure. comme elle habite à côté, je lui ai dit de prendre son temps.
elle est à 8 cm.
"comment ça, je vais pas avoir la péridurale? mais comment je vais faire? "
je l'emmène en salle d'accouchement... moment que choisissent les urgences pour m'envoyer une patiente.
je confie donc la future maman à l'auxiliaire, retourne dans le service, explique rapidement au couple qu'un accouchement est imminent.
et la sonnette de la salle retentit.
elle a eu le temps de dire "ça pousse", l'auxiliaire  a eu le temps d'appuyer sur la sonnette et... de rattraper l'enfant au vol!

5h, la même nuit. c'est son 2e enfant. elle a rompu, mais me dit contracter à peine. je prend mon temps, le tv peut attendre... 
quand je l'examine, elle est à 5-6cm.
"comment ça, je risque de ne pas avoir de péri?"
10minutes après, ça pousse...
le temps de passer en salle, d'enfiler des gants, et l'enfant est là...

DIU

à la demande de lorelei, on va causer un peu stérilet... enfin dispositif intra utérin, parce que stérilet, voilà un terme qui fait bien peur! il me semble, dans mes souvenirs, que les 1er "stérilets" étaient de simples cailloux que les bédouins mettaient dans l'utérus des chamelles pour qu'elles ne tombent pas enceintes, solution non réversible évidemment, d'où le terme de stérilet... j'ignore si cette méthode ancestrale a été utilisée chez des femmes!
Le DIU donc est une méthode de contraception efficace, réversible, et longue durée! il existe 2 sortes de DIU: le mirena, qui contient de la progestérone, et le DIU au cuivre, sans hormones.

un petit tour des idées reçues sur le DIU:

- non, le DIU  n'est pas réservé aux femmes ayant déjà eu des enfants. une nullipare peut en bénéficier, si besoin il existe des formes "short" + courtes.
- non, le DIU n'augmente pas le risque de GEU. à dire vrai, il me semble même que ce risque est + faible avec DIU que sans.
- non, le DIU n'augmente pas le risque d'IST. ce qui augmente ce risque, ce sont les rapports sans préservatifs avec des partenaires "non connus", dirons nous.
- non, le DIU ne va pas s'accrocher au sexe de votre partenaire pendant un rapport...
- non, le DIU n'est pas un moyen d'avortement... je dis ça suite à une conversation que j'ai eu avec des femmes très "bobo-bios", qui étaient contre le stérilet car cela correspondrait à une mini IVG... déjà, le DIU, quelqu'il soit, empêche la fécondation (la progestérone en agissant sur la glaire et l'ovulation, le cuivre en détruisant les spermatozoides). si cette fécondation a lieu malgré tout, le DIU empêche la nidation de l'oeuf, effectivement... oeuf qui à ce stade là n'est composé que de quelques cellules... l'IVG consistant à arrêter une grossesse déjà avancée avec un embryon (et non un oeuf) implanté... vous comprendrez que la différence est grande!
par contre, le DIU au cuivre est un excellent moyen de contraception d'urgence, malheureusement peu utilisé...

la pose: alors là je fais aussi parler perso, car j'ai justement choisi un DIU au cuivre, pratique, n'est-ce pas?
j'ai lu marton winckler aussi, j'ai connaissance de la pose en position "à l'anglaise"et sans pince de pozzi... mais je ne connais personne personnellement qui la pratique! j'ai donc au droit à la pose "classique", va-t-on dire!
alors déjà, non, il n'est pas obligatoire d'avoir ses règles lors de la pose du DIU... je rage un peu lorsque je vois des patientes, allaitantes en général, qui attendent leur retour de couches pour le poser... personnellement, je n'ai pas de rdc, heureusement que je n'ai pas attendu! en fait, pendant les règles le col est légèrement entrouvert, ce qui rend la pose plus facile... ce qui ne signifie pas qu'elle est impossible hors règles...
donc, la pose: spéculum pour visualiser le col, évidemment... et donc, la, THE fameuse pince de pozzi, qui sert à diriger le col pour le mettre dans l'axe... là, je pense que le ressenti dépend vraiment des femmes, et de la sensibilité de leur col... perso je n'ai pas eu mal... ensuite le gynéco, ou la sf, ou le généraliste, mesure l'utérus grâce à l'hystéromètre et met le DIU en place... hop, c'est fini!
l'utérus réagit à cette pose en se contractant, c'est assez logique... là encore, tout dépend des femmes, certaines vont avoir très mal, d'autres non... il ne faut pas hésiter à prendre du spasfon avant la pose, et après!
pour la suite... il faut vérifier régulièrement que le DIU reste en place, ce que vous pouvez faire, facilement, en examinant votre col: vous devez sentir les fils. si vous ne les sentez pas, vous consultez! ce qui n'exclut pas un suivi gynécologique régulier, n'est-ce pas...

le DIU au cuivre peut donner des règles + abondantes et douloureuses, le mirena peut "couper" les règles..là encore, cela dépend des femmes..de toute façon, aucune contraception n'est irréversible, si au bout de quelques mois vous vous rendez compte qu'elle ne vous convient pas, il suffit... d'en changer! 

lorelei, j'espère avoir répondu à toutes tes questions, sinon, en com!

lundi 11 mars 2013

pilule

elle a une vingtaine d'années. elle a arrêté sa pilule, parce que bon, à la télé, ils ont dit que c'était dangereux. elle est enceinte. elle n'a pas de travail, pas de logement à elle. ce bébé, elle l'aime déjà. mais elle a choisi la voie de la raison. et c'est en pleurant qu'elle avale le comprimé de mifegyne. en me disant qu'elle a l'impression de tuer une partie de son coeur.

elle a 17 ans, des joues rondes et des grosses lunettes. elle a arrêté sa pilule parce qu'"on" lui a dit que c'était très mauvais. elle n'a pas ses règles. elle vient faire une prise de sang . sa maman en colère n'arrête pas de répéter qu'il ne faut pas que "ça " lui fasse abandonner ses études.

ils sont jeunes et amoureux. en ce dimanche matin, ils viennent chercher une pilule du lendemain. elle a arrêté sa contraception à cause de tout ce qu'on entend et attend son rendez-vous chez son médecin. elle a très peur de tomber enceinte .

putain de médias...

mardi 26 février 2013

porte bonheur

c'est une nuit calme et enneigée, une nuit d'hiver ... ils viennent d'arriver, elle souffle doucement... "vous avez accouché vite, pour les autres?" oh oui, elle a même eu à peine le temps d'arriver... le col est souple, à 6cm, la tête plonge... nous allons directement en salle. je pose rapidement un cathéter, écoute le coeur, mes gestes techniques s'arrêteront là...
derrière le périnée, la petite tête progresse...
peu sûre d'elle, elle a du mal à s'écouter. je la rassure sur l'avancée des choses, sur sa capacité à mettre au monde son enfant...
derrière le périnée, ce n'est pas la tête, mais la poche des eaux qui écarte les lèvres, doucement...
"je n'y arrive pas, je n'y arrive plus..."
et puis, dans une dernière poussée, l'enfant né, encore entouré de ses membranes... contre sa mère, il attrapera le sein rapidement, délivrant ainsi sa mère du placenta...
magnifique bébé de plus de 4kilos à la tête ronde, né dans la douceur d'une aube enneigée...

samedi 16 février 2013

Madame T

(ceux qui me connaissaient de l'ancien blog ont sans doute déjà lu cette histoire... mais elle me tient à coeur et je voulais qu'elle se trouve ici!)

Madame T est ce qu'on appelle un "utérus cicatriciel". c'est moche, ce mot. on dirait une tare, un défaut. utérus cicatriciel. ma cocotte, t'as tout gagné, ce foutu "cicatriciel", il va conditionner la suite de ta vie de maman...
Madame T, elle avait eu une césarienne pour siège. alors qu'elle rêvait d'une naissance naturelle... naissance volée, naissance gâchée. pour compenser elle s'est investie auprès de son petit garçon. tentant de combler un peu ce qu'elle pensait ne lui avoir pas donné...
pour cette naissance là, Madame T voulait vivre ce bel accouchement dont elle rêvait... mais pas de bol: à 37SA, ce bébé-là aussi est en siège. et à l'annonce du gynéco, Madame T a fait une crise de nerf dans le bureau...
c'est là que je la rencontre. parce que les gynécos, ils aiment pas les crises de nerfs. "hystérie féminine", ils appellent ça. et le gynéco, il m'a envoyé sa patiente hystérique dans le service, pour que je la calme.
je l'ai calmée. j'ai essayé. j'ai parlé. elle aussi, beaucoup. et puis j'ai pris une feuille. j'ai écrit "projet de naissance de Madame T ", en haut. et j'ai tout noté. ses envies, ses demandes. j'ai fait passer la feuille au staff, quelques jours après. certaines choses ont été refusées, mais je le savais. mais beaucoup ont été acceptées...
le matin de la césarienne, Madame T est venue. le gynéco l'a emmené à l'échographie. et là, ce bébé avait décidé de lui faire un cadeau: il s'était retourné...
le lendemain, j'ai retrouvé Madame T. en travail. à dilatation bien avancée. je n'oublierais pas les larmes dans ses yeux quand je lui ai dit que là, elle allait accoucher normalement. et sans péri. tout comme elle avait rêvé, quoi...
Madame T a accueilli son petit avec bonheur, dans la douceur, sans intervention médicale...
Madame T m'a dit, alors que son enfant têtait en peau à peau, dans le calme d'une salle de naissance ... "merci... je me sens enfin femme... "

jeudi 14 février 2013

"amour"...

elle a l'accent chantant des filles du sud, et l'air perdu sur cette chaise dans le couloir. "je viens parce que je viens de découvrir que je suis enceinte... " avec elle, son ami confirme. "de quand datent vos dernières règles? " la réponse me laisse entrevoir une grossesse déjà bien avancée. je profite du calme au secrétariat pour lui trouver une place en écho le lendemain, et je l'emmène en salle de consult pour remplir le dossier, et tenter d'évaluer l'avancée de la gestation...
le petit ventre est rebondi, ce qui me laisse bien dubitative quand à sa soi-disant récente découverte, au vu de sa minceur par ailleurs... l'utérus, bien palpable sous la peau, arrive à l'ombilic, mais mon monitoring ne capte aucun rythme cardiaque. "on va faire un coup d'écho pour voir, vous voulez bien? je vous montre ce que je vois ou non? " la réponse enthousiaste me fait sourire... sur l'écran, le foetus qui gigote me semble correspondre au terme présupposé. elle demande à voir le coeur et s'extasie devant le petit clignotement...
nous remplissons le dossier, page après page. le couple n'avait pas de contraception, "j'ai des cycles très longs, alors... "
 son ami, lui, est assez silencieux.
c'est à la fin de la consultation qu'il pose la question qui devait lui brûler les lèvres depuis le début de nos échanges.
"dites, pour le faire partir, c'est trop tard?"

mercredi 16 janvier 2013

tout simplement...

je suis encore emmitoufflée, écharpe autour du cou et bonnet sur la tête, quand l'aide-soignante me saute dessus: ma collègue est occupée en salle, mais dans sa chambre, une maman enceinte de son 3e enfant semble sur le point de le mettre au monde... je saute dans ma tenue et je file la voir. Le col est tellement souple que je suis bien incapable d'en déterminer la dilatation, mais une chose est sûre, la naissance me parait imminente: direction la salle!

à sa demande, je perce la poche des eaux pour libérer la petite tête qui pousse... ce simple geste la libère. spontanément, elle se tourne sur le côté, remonte sa jambe, empoigne sa fesse, écarte l'ischion et met sa fille au monde.

tout simplement.

mercredi 9 janvier 2013

un mot, des mots

j'ignore si je dois te remercier, cher Passeur ... Une chaîne d'article, sur ce thème, "écrire"...

Avant l'écriture, il y a la lecture. Les livres, chez mes parents, il y en avait partout. J'ai grandi entourée de livres. Alors forcément, je lisais. Tout. Livres, revues, journaux, publicité, magazines, dos des boîtes de céréales ou de lait. Tout, je vous dis. Au CE2, mon instit' disait que j'étais atteinte d'une drôle de maladie: la lecturite aigüe.

J'ai du dévorer tous les romans policiers de la bibliothèque. Car oui, je suis une fana des romans policiers. Ensuite, je suis passée au rayon adulte. J'ai lu agatha christie et (oui, j'ai honte) marie higgins clark. Un peu stephen king aussi. et pleins d'autres.

Ecrire, quand on aime lire, ça vient naturellement, je crois. Ca a du démarrer avec les rédactions à l'école, je suppose. Dans les articles dans le journal scolaire. J'aimais bien. J'avais de bonnes notes.
Au collège, ça a continué. J'aimais bien les cours de français, j'aimais bien les sujets d'imagination.
Ca s'est corsé au lycée. Parce que les cours de français au lycée, ils détruisent tout le plaisir de la lecture. Disséquer, analyser, spéculer sur ce que, potentiellement, l'auteur a voulu exprimer. Et si l'auteur, il avait juste écrit comme il le ressentais, sansréfléchir qu'il faisait je ne sais quelle figure de style, hein? Bref, j'ai commencé à haïr les cours de français. Je lisais toujours autant, pourtant. Ma prof de 2nde nous avait même demandé le nombre de livres, revues et journaux lus sur l'année. A raison de 3 soeurs, multiplié par 3 livres de bibliothèque par semaine, + les livres présents à la maison, nos abonnements respectifs à Je lis déjà/J'aime lire/Je bouquine, les journaux achetés par mes parents... je vous laisse compter. Mais je n'aimais plus les cours de français.
Quant à écrire... On ne parlait plus de rédaction, mais de dissertation. Défendre des idées, argumenter. J'ai juste un petit souci. Mon esprit est un peu trop mathématique, un peu trop synthétique. Alors blablater des lignes et des lignes pour développer une idée, j'en suis incapable. Droit au but, vous voyez? Mes dissert' tenaient en grand max une copie double, et encore.

A côté de ça, j'écrivais, malgré tout. Des nouvelles pour le journal du lycée, principalement... Des poèmes... 

Ensuite je suis partie en PCEM1. On dit PACES je crois maintenant... Lire, je n'avais pas vraiment le temps. Ecrire, encore moins. La tête dans le guidon, pour ingurgiter les kilos de savoirs inutiles...

A l'école de sages-femmes, un peu plus de temps. J'ai ouvert un blog. J'y racontais surtout ma vie d'ESF. Il était... soyons honnête, mal écrit et inintéressant... Il s'est transformé au fil du temps. J'ai appris à mieux rédiger. A écrire, vraiment. j'ai retrouvé le plaisir des mots...

Ecrire, ça me permet de coucher sur le papier mes sentiments du moment.J'écris "sur le vif". Je ne fais pas de brouillon, je relis à peine. Les mots sortent comme ils viennent, comme je le ressens... Des petits bouts de ce qui est mon quotidien. Parfois, je me relis, et je suis un peu mal. Quand on raconte, on n'est pas objectif. On ne raconte que ce qui nous fait plaisir. Parler de ses bourdes, de ses erreurs, c'est plus difficile que de raconter comment on s'est bien planté. Faudrait, un jour, que je vous raconte mes erreurs, tiens... Parce que parfois, j'ai l'impression de me faire passer pour la super sf... Non, mes chevilles ne sont pas si grosses, hein! Mais c'est facile, quand on écrit , de se donner le beau rôle...

Soyons honnête, j'écris aussi pour qu'on m'écoute. Je viens d'une famille qui ne m'a jamais vraiment considérée. Je ne suis qu'une "petite" sf. Rien du tout, en somme. J'ai cessé il y a bien longtemps de raconter mes journées à ma famille. Et mon homme n'est pas toujours dispo... Je suis désolée, mais vous me servez un peu de divan psy!

Et puisqu'il faut continuer a chaîne... Sophie, Mylène, et vous, pourquoi vous écrivez?

samedi 5 janvier 2013

au bout d'elle-même

un projet de naissance est agrafé à la première page de son dossier. des choses simples, pas de synto, pas de monito continu, de la liberté, du peau à peau... c'est le début de la nuit, elle est en début de travail. à 4 pattes sur le lit, dans les bras de son mari, elle supporte comme elle peut d'intenses contractions.
"appelez pour la péri, s'il vous plaît." son compagnon l'arrête, non, ils ont tant préparé cette naissance... je propose d'abord de regarder l'avancée du travail: en moins d'une heure, la dilatation a bien progressée... nous passons en salle, et, soulagement, la dilatation avance bien trop vite pour que l'anesthésiste accepte de poser une péri. secrétement, je respire. car qui dit péridurale, dit monito en continu, perfusion, et interdiction absolue de boire les gorgées d'eau qui lui redonnent de la force quand elle en manque...
la lente progression de l'enfant dans le bassin maternel me conforte dans la nécessité de liberté. la petite tête, asynclite, avance difficilement. une bosse s'est formée. l'envie de pousser est là mais il faudra plus de 2h au couple mère-bébé pour arriver au bout de cette descente. le rythme que je surveille par intermittence reste heureusement parfait, et la nuit synonyme de solitude me laisse libre de pression pour laisser les choses se faire...
enfin l'enfant est là, derrière le périnée. épuisée, la maman ne croit plus pouvoir continuer. heureusement, son homme est là: "mais si, je vois les cheveux!" . je l'aide aussi, écartement les épines qui bloquent l'avancée de la petite tête. le périnée résiste heureusement peu et, enfin, elle peut serrer sa fille dans les bras.
"finalement... j'aurais regretté, pour la péri..."

mardi 1 janvier 2013

bonne année!

il est 8h... le premier bébé de l'année est né 3 minutes plus tôt, avec ma collègue de nuit.
dans le service, une future maman attend, l'accouchement a été déclenché depuis 48h et elle aimerait que l'année commence joliement...
en salle d'entrée, une autre future maman est arrivée, ayant perdu les eaux, et le rythme cardiaque de son bébé m'inquiète...
l'année commence bien...
pas le choix, pour mes 2 mamans, c'est direction la salle d'accouchement. péridurale à leur demande. et puis synto. ce pousse-seringue, je l'utilise avec parcimonie. mais là, je n'ai pas le choix...
2h plus tard, voilà la première qui pousse. je souffle, voilà un accouchement qui va bien se finir! je suis en train de m'installer quand j'entend crier... à côté, bébé arrive aussi! heureusement, cette première petite fille est vite là. le placenta aussi... enfin presque. ces fichues membranes restent coincées! délicatement, je tente de les faire venir... elles résistent! "vite, on t'attend à côté!" enfin, elles glissent dans ma main...
je laisse la jeune maman aux soins de l'AS et je fonce à côté, changement de tablier, de gants, c'est parti! bout'chou est juste là, sa maman est un peu paniquée par l'intensité des choses , mais la naissance se passe bien...
dans le journal demain, le journaliste venu photographier le 1er bébé de l'année aura de quoi raconter!
bonne année!