vendredi 21 novembre 2014

changement de programme

je sais, je n'ai pas écrit depuis longtemps.
parce que parfois, la vie de sage-femme vire à la mauvaise série du samedi soir.
parce que j'ai beaucoup pleuré, beaucoup douté. parce qu'à un moment, j'ai songé à arrêter, je me suis demandée si ça valait la peine.
il m'a fallu du temps, du soutien, du réconfort.
je suis toujours sage-femme.
je suis viscéralement sage-femme.
je ne peux pas être autre chose.
je vais quitter l'hôpital.
oh, je ne vais pas partir loin.
je vais garder les mêmes patientes.
je vais cesser les accouchements pour l'instant, c'est mon seul regret.
ce sera une autre vie, une autre façon d'exercer mon métier.
rien n'arrive par hasard, paraît-il... on verra...
je vous raconterais...

mercredi 16 juillet 2014

ramadan

elle est voilée des pieds à la tête, visage dissimulé derrière un tissu noir...
je ferme à clé la salle de consultation. l'heure tardive a peu de chance d'amener un des gynécos dans le service, mais je ne prend pas de risque.
elle enlève, une par une, les couches qui la recouvrent. la dilatation est bien avancée déjà, et nous décidons de prendre le chemin de la salle de naissance...
on remet les couches, une par une, entre 2 contractions intenses...
et les enlevons sitôt en salle.
elle ne souhaite pas la moindre médicalisation, ainsi que son dieu le lui demande... je ne suis pas croyante, mais mon "dieu" à moi s'appelle physiologie, et ses souhaits me conviennent parfaitement... elle accepte mes massages qui soulagent le bas de son dos, et très vite son bébé pousse...
c'est tranquille qu'elle mettra au monde son enfant, qu'elle l'amènera à son sein...
et pour le retour dans la chambre, je ferais bien attention de recouvrir ses jambes et ses pieds sur la chaise roulante. comme je n'ai plus de chambre seule de libre, je l'installe dans la salle de préparation à la naissance, dans l'attente des sorties du lendemain... ainsi, elle peut ôter ses voiles et allaiter son petit sans craintes des regards extérieurs...
c'était un soir, à la tombée du jour, en plein ramadan... pas la même culture, pas la même croyance, pas les mêmes choix de vies... mais une jolie rencontre, et un respect mutuel pour une si belle naissance...

jeudi 12 juin 2014

vieillir

je sors d'une chambre lorsque je l'aperçois. son âge, sa chemise de nuit fleurie, tout m'indique qu'elle vient d'un des étages au-dessus ; il n'est pas rare que les patients des autres services s'égarent à la maternité...
- bonjour madame! venez, je vous ramène jusqu'à votre chambre!
- ne me touchez pas ou je porte plainte pour voie de faits!
elle est petite, frêle mais plutôt en forme physiquement... et je n'ai pas l'intention d'user de la force.
- je ne vous agresse pas, je veux juste vous montrer le chemin de l'étage!
mais elle prend l'escalier en direction de la sortie...
- je suis encore lucide, je sais qui je suis et où je vais!
on dirait, oui, effectivement... nous passons devant le standard et je fais signe de prévenir le service d'où elle vient... et la suit dehors, que puis-je faire d'autre?
- ne me touchez pas ou je vous aligne! au secours! prévenez la police, les gendarmes!
j'apprendrais plus tard qu'il y a peu, cette dame était active, pleine de vie , dynamique et aux centres d'intêrets multiples.
- je ne resterais pas ici! je ne suis pas démente!
mais les soignantes de son service arrivent, la prennent par le bras.
- alors ma jolie, on va remonter dans sa chambre hein, allez ma belle!
madame. pourquoi vous ne l'appelez pas madame?
je suis remontée en maternité. avec une boule dans le ventre.

dimanche 25 mai 2014

libre

je les ai accompagnés pour la naissance de leur premier enfant, il y a quelques années. jeune diplômée alors, je ne m'étais pas libérée de la médicalisation apprise à l'école et ma prise en charge notée dans le dossier ne serais sans doute pas la même à présent... mais ils gardent un excellent souvenir de cet accouchement et sont ravis que le hasard des gardes nous fasse de nouveau cheminer ensemble...

la dilatation est déjà bien avancée et l'intensité des contractions laisse penser à une naissance rapide... la péridurale souhaitée ne sera sans doute pas possible et je l'en informe. elle est seule en travail dans le service cette nuit là et le calme qui règne me permet de rester, heureusement, à ses côtés.

c'est debout qu'elle se sent bien, c'est donc debout qu'elle restera. c'est debout qu'elle commencera à pousser, debout que nous l'encouragerons. je ne l'examinerais pas, devinant sans peine la progression de son bébé, la poussant à se faire confiance et à écouter son corps. elle a juste besoin que je lui confirme que tout va bien...

et c'est debout, sans entrave, qu'elle mettra au monde son enfant...

elle dira plus tard à mes collègues que vraiment, elle ne regrette pas l'absence de péridurale, car elle se remet bien plus vite de cette naissance là... "et puis, finalement, la dernière phase qu'on pense la pire, est en fait la moins douloureuse... "

lundi 5 mai 2014

L'histoire de Louise C - épisode 11

A l'occasion du 5 mai, journée internationale de la sage-femme, les blogueurs sages-femmes vous invitent à voyager de billet en billet pour découvrir l'histoire de Louise.

le début de l'histoire est ici ... 


 ouf, enfin, je peux me poser! le service est un peu plein, on dirait que tous les bébés ont voulu naître ces derniers jours... mais les patientes ont toutes été vues, j'ai avec moi une étudiante sage-femme qui assure, et on a enfin pu manger un peu avant que j'attaque les divers papiers et les saisies informatiques, part obligatoire de mon boulot, mais avouons le, pas la plus passionnante... j'aurais préféré passer ce temps là auprès de mes patientes... allez, premier dossier de sortie, vérifions que les actes ont tous été codés dans le logiciel, et que le dossier est bien rempli... lettre de sortie pour le médecin traitant, au suivant! je soupire devant la pile devant moi, j'ai l'impression de perdre un temps précieux... 
après les dossiers de sortie, vérifions les prescriptions médicamenteuses au niveau informatique... ah, ça, ils aiment l'ordinateur , à l'hôpital... sans penser à celles qui passent du temps devant au lieu d'être dans le service... tiens, j'ai rajouté un antalgique à la patiente césarisée du 20... et de la pommade anti-hémorroidaire à sa voisine... je clique, j'ai presque fini, ouf! 

« vous me faites chier Sylvie, vous me faites chier! »

les cris qui m'alertent viennent de la chambre 12, la chambre de Mme C. Mme C, petite chose fragile et discrète. Enfin jusqu'ici. Pour l'instant, elle a surtout l'air d'une lionne, une lionne qui aboie sur une femme qui est tout son contraire, cheveux rouges flamboyants, vêtements colorés et bijoux peu discrets. Sa belle-mère, sans doute, décrite par ma collègue de nuit comme une femme envahissante qui semble vouloir prendre la place de la jeune maman auprès du nouveau-né.

Entre les 2, l'étudiante sage-femme qui travaille avec moi aujourd'hui. Les yeux écarquillés, elle tente de contenir la fureur de notre patiente.

« c'est ma fille, vous entendez, ma fille! Vous n'êtes que sa grand-mère! Si j'ai besoin de conseils, je les demanderais à des professionnels! »

« j'ai été mère avant vous, ma petite! Je sais ce qu'il faut faire avec un bébé! »

l'étudiante se dégage du duo, me rejoint et m'explique en quelques mots la situation. La belle-mère me chauffe les oreilles et je suis contente que Mme C lui dise enfin ses quatre vérités... mais mon rôle est, aussi, de calmer les choses.

« mesdames, les autres mamans aimeraient sans doute se reposer... que diriez vous de rentrer dans la chambre pour discuter calmement? »

la belle-mère est rouge de colère et me prend à témoin de la façon dont la jeune maman vient de la traiter...

« souvenez vous lorsque vous êtes devenue maman... auriez-vous aimé que votre belle-mère s'impose de cette façon? »

« là n'est pas la question! C'est ma petite-fille et j'entend bien avoir mon mot à dire dans la façon dont sa mère s'en occupe! »

là, elle commence vraiment à me chauffer les oreilles, la belle-mère...

« mon fils a toute confiance en moi, il m'écoute, lui! »

Je me force à respirer, je n'ai pas à critiquer la belle-maman...

la toute nouvelle maman, elle, berce sa fille, soutenue par l'étudiante. « j'ai appelé Julien, de toute façon, il arrive »

il arrive, effectivement, et trouve un drôle de tableau dans la chambre. Sa femme le met rapidement au courant de la situation.

« ok maman, alors maintenant, on va mettre les choses au point. C'est notre fille, notre bébé. Nous nous occuperons d'elle comme nous le décidons, tous les 2. toi, tu es sa grand-mère. Tu n'as pas à intervenir dans son éducation. Nous t'accueillerons avec plaisir si tu viens nous rendre visite, à une seule condition: que tu ne critiques jamais notre façon de faire. Reste à ta place et tout ira bien. Dans le cas contraire, mon choix sera vite fait... »

la belle-mère en reste interdite. Ma collègue libérale qui avait suivi la grossesse m'avait parlé de ce fils « à maman », qui n'avait visiblement pas encore complètement coupé le cordon, et avait laissé sa mère envahir l'espace du couple.

On dirait que le petit garçon vient de devenir un homme.

La belle-mère, vexée, sort de la chambre dans un claquement de porte.

Le jeune couple, lui, s'enlace autour du nouveau-né. 

 
les autres épisodes:

épisode 2
épisode 3
épisode 4
épisode 5
épisode 6
épisode 7
épisode 8
épisode 9
épisode 10




mercredi 30 avril 2014

formatée

"je veux pousser, je veux qu'elle sorte, j'ai envie de pousser!"
"mais, si vous avez envie, allez-y!"
"hein? comme ça? mais, euh... "

la jeune femme en face de moi est perdue. le travail a été rapide et elle n'a pas eu le temps d'avoir une analgésie.
elle s'attendait à ce que je l'installe, pieds dans les étriers, campée entre ses jambes, mains gantées, en lui disant quand pousser.

et voilà que je la laisse se placer comme elle le souhaite, et lui dit de pousser comme elle en a envie.

elle ne comprend plus rien.

elle tient à se mettre sur le dos, "ah non, on n'accouche pas sur le côté!", me réclame de quoi poser ses pieds (mes bras suffiront)...

et puis elle lâche enfin, pousse.

s'arrête.

"je n'y arrive pas, sortez la avec la ventouse!"
"vous allez couper hein? sinon ça va se déchirer!"

entre 2 poussées, j'explique que si, elle va y arriver, non, je ne sortirais pas la ventouse, et non, je ne couperais pas.

elle accouchera parfaitement bien, avec juste quelques points nécessaires.

mais se sent plus "choquée" par cette naissance là que par son premier accouchement.

où elle avait eu ventouse, épisio et délivrance artificielle.



vendredi 25 avril 2014

petit bout

tu ne mesures que quelques cm et tu tiens dans ma paume. un espoir, un miracle, m'a dit ta maman quelques heures plus tôt... et tu es là dans ma main, si petit...
trop petit...

je t'ai placé dans un lange dès ta venue, et je t'ai emmené. tes parents ne souhaitent pas te voir. c'est trop dur pour eux, trop violent. je serais la seule à connaître ton sexe, à avoir touché tes mains fragiles, tes jambes si fines. je t'ai pesé, pris en photo, pour eux, si un jour ils désirent te voir...

nous avons espéré que les contractions s'arrêtent. que le col continue de protéger l'utérus et son précieux contenu...

et puis une contraction plus forte... la poche des eaux qui se rompt, le col qui lâche... elle l'a senti, a attendu en pleurant que je prononce les mots si terribles...

comment annonce-t-on à une mère qu'elle va mettre au monde son enfant avant qu'il ne puisse vivre?


mercredi 16 avril 2014

intense

c'est son premier bébé. le col est à peine dilaté, mais elle a si peur, elle a si mal, elle ne va pas savoir... elle a regardé babyboom, mais dans babyboom, ça ne se passe pas comme ça... et puis ce liquide qui coule, là, c'est dégueulasse, elle a peur...

mais son bébé, lui , a décidé de venir vite. 1, 2, 8cm en moins d'1 heure. ça pousse. mais elle ne veut pas, elle a peur, et puis elle n'a pas appris à pousser, et puis elle va être une mauvaise mère, comme la sienne, et puis elle veut aller à la selle, mais comment ça c'est son bébé qui pousse, mais il sort pas par là!

le futur papa heureusement est zen, soutenant.

elle se calme, elle va y arriver, et bientôt elle va serrer sa fille dans ses bras, elle l'aime si fort hein, ça va être la plus belle du monde, tu vas voir mon chéri, on va y arriver...

mais non, ça fait trop mal, elle ne veut pas, et puis ce liquide qui continue de couler, mais ouvrez moi le ventre, faites moi une césarienne, sortez la, aidez moi, je ne peux pas!

je la sens, elle est presque là, je vais la serrer contre moi, je vais être une bonne maman, hein mon chéri, je t'aime, tu vas voir, on va avoir une belle petite fille...

ah mais non, mais ça fait trop mal, elle est coincée là, elle étouffe, je veux pas, ça brûle, je veux pas!

elle est là. calmez vous. respirez. regardez la. c'est fini. elle est là.

dimanche 6 avril 2014

"AAD"

elle est arrivée moins d'une heure auparavant, et les grognements de son souffle ne laissent aucun doute sur l'issue rapide de l'accouchement... debout, appuyée sur la table, elle pousse à chaque contraction. son bébé est bientôt là...
ses jambes ne la portent plus et elle demande à s'allonger. spontanément, elle se tourne sur le côté. la petite tête sort tranquillement... je l'aide un peu pour les épaules, dont la sortie est rendue difficile par une petite main balladeuse. et elle attrape son bébé contre elle...

rallongée, je la recouvre, surveillant de temps à autre les saignements et attendant la reprise des contractions, signe de la délivrance. le placenta arrive au bout de plusieurs minutes, où les heureux parents font tranquillement connaissance avec leur bout'chou...

les quelques points nécessaires, eux, attendront que la maman me donne l'autorisation de vérifier son périnée. le léger saignement de la déchirure impose un peu de couture, une anesthésie locale la rend non douloureuse, et la peau, impossible à anesthésier, cicatrisera très bien naturellement...

2h après sa naissance, c'est en marchant, ou presque, qu'elle rejoindra sa chambre...

elle aurait aimé un AAD... elle n'a aucun regret!

lundi 31 mars 2014

MG

- bonjour Dr X! je suis la sage-femme de garde à la maternité, je vous appelle pour avoir le dossier médical de Mme Y...
- mme Y? pourquoi?
- et bien, elle a accouché cette nuit!
- mais, elle n'était pas enceinte, vous devez confondre, je l'ai encore vue il y a quelques jours!
- oui, effectivement, et j'aurais justement besoin de savoir quels médicaments elle a pris ses dernières semaines.
- et bien... oh merde! elle est venue pour des brûlures oesophagiennes...
-...
- et une constipation...
- ...
- bon dieu, je me souviens lui avoir palpé le ventre et lui avoir dit: "et bien, il est sacrément gonflé!"... oh merde!
- et bien au moins, vous avez un diagnostic maintenant :)
- et là, je lui ai renouvelé sa pilule... utile, vous me direz!
- effectivement!
- oh merde... je pars en vacances dans 2j, je crois que c'est nécessaire!
- je crois!
- ne vous moquez pas! en plus, j'ai fait 1 an d'obstétrique!
- vous voulez venir faire un stage chez nous?
- riez, riez! enfin, je veux bien être le parrain du petit, hein!

tout est bien qui finit bien, cette maman est très heureuse, et le petit va bien :) petit clin d'oeil aux MG, au moins aujourd'hui, j'ai bien ri!

jeudi 20 mars 2014

slow

très tôt, cette nuit là. elle a déjà eu plusieurs enfants, et ce petit là voulait voir venir le printemps... la dilatation est déjà bien avancée et l'intensité des contractions nous laisse présager une naissance rapide...

mais petit bout s'est dit que non, décidément, la vie ne valait pas d'être vécue à toute vitesse.

les contractions s'espacent, s'arrêtent presque.

alors nous attendons, somnolentes. tout va bien, alors pourquoi se presser?

1h, 2h, 3h se passent, tranquillement.

et puis, la poche des eaux est rompue.

et puis, le son dans la gorge de la maman se fait profond.

et puis, les lèvres s'ouvrent, le périnée se détend.

et il est là cet enfant, avec le soleil et les chants des oiseaux.

il faut laisser le temps au temps...

samedi 1 mars 2014

peur

elle a peur. elle ne sait pas de quoi mais elle a peur. peur d'avoir mal, peur de ne pas y arriver. c'est ce qu'elle n'arrête pas de me répéter, d'ailleurs. "je ne vais pas y arriver".

elle est à 5cm, et je trouve que pour quelqu'un qui ne va pas y arriver, elle y arrive drôlement bien. je lui dis.

on pose la péridurale. elle a peur. l'aiguille, cette aiguille si longue! et pourtant elle ne bouge pas. elle gère sans bruits les contractions et seule la pression de ses mains qui serrent ma blouse m'indique leur fréquence.

elle est à dilatation complète. ça a été si vite! elle a encore peur, elle ne va pas savoir pousser!

je lui montre que la péridurale marche très bien, qu'elle ne doit pas avoir peur d'avoir mal. elle pousse. s'arrête. "je n'y arrive pas!  il n'avance pas!" et pourtant la petite tête progresse bien, vraiment bien! je vous jure, je vois ses cheveux!

et puis l'enfant est là. tu avais peur, jeune maman. mais regarde: je n'ai rien fait. tu as été fantastique! et tu y es arrivée!

lundi 24 février 2014

le don d'ubiquité

elle est la 1ère à être arrivée. une dilatation bien avancée, mais elle n'a pas mal, alors elle somnole dans sa chambre en attendant l'accélération du travail. en salle, tout est prêt pour la naissance, je sais que ça va aller vite...
et d'ailleurs, ça pousse. nous filons en salle quand le téléphone sonne: "il y a une dame qui monte pour vous!" j'explique rapidement la situation, et file... la première puce est vite là.

la nouvelle arrivée est déjà bien en travail et vomit. direction la salle également, et très vite le besoin de pousser est là. et un coup de fil: "il y a une dame qui monte pour vous!"
la 2e puce pousse vite son premier cri.

la 3e arrivée est elle aussi bien avancée, et je l'emmène en salle rapidement. la douleur la tétanise et j'obtiens de l'anesthésiste une salvatrice péridurale qui la libère. et la dernière puce arrive à la toute fin de ma garde...
sans nouveau coup de fil!

samedi 8 février 2014

utilité publique.

les sages-femmes doivent participer à des actions de prévention, non? et bien prévenons contre ces sites de soi-disant diagnostic médical, tiens... balladez vous sur les blogs sf, nous en avons testé un (celui de e-santé, pour ne pas le nommer) avec des scénarios obstétricaux nécessitant soit une consultation en urgence, soit carrément l'appel du 15... vous allez comprendre pourquoi on rit (jaune).

je suis une femme, je suis enceinte. et j'ai mal à la tête.
j'ai le choix entre mal au front et mal au cheveux, déjà . mais j'ai mal dans toute ma tête, moi!
ah tiens, une immense liste de symptômes associés. ah oui, j'ai des troubles visuels. et auditifs. et puis des convulsions. je vais vraiment pas bien, hein!
purée, voilà qu'il faut que je précise. oui, mouches volantes et bourdonnements. mais j'en sais rien, si ça augmente aux mouvements! je convulse, on t'a dit !
bon, j'ai encore la force de cocher que je prend un traitement hypertenseur. mais non, je bouffe pas de réglisse! 

vous avez répondu, crise d'éclampsie? vous avez envoyé le 15 et limite fait la césar à domicile?

loupé.

"autosurveillance à domicile", qu'il dit, le machin. causes probables: maladie hypertensive, hépatite A, apnée du sommeil.

appelez votre sf/gynéco/MG/mater/15. pitié.

dimanche 26 janvier 2014

sage-femme

milieu de nuit. elle est arrivée à une dilatation bien avancée. elle gère bien mais 1 heure plus tard, son compagnon vient me trouver, disant qu'elle souhaite une péridurale. mon intuition me dit que ce n'est qu'un appel au secours. bingo: elle ne sait plus comment gérer. la baignoire est libre, alors nous partons à pas tranquille dans le long couloir qui y mène.

à quelques mètres du but, elle se jette à 4 pattes. bébé, tu es bientôt là...

l'eau chaude l'aide à se détendre. et bientôt l'enfant pousse. c'est dans l'eau et dans la tranquillité de la nuit qu'il vient au monde ...


quelques heures plus tard. cette jeune accouchée de quelques jours vient de s'effrondrer en larmes dans mon bureau. bébé énervé, montée de lait en cours, épuisement de visites constantes... bébé en écharpe contre moi, maman sous la douche chaude, se détend et respire un grand coup. j'ai déposé un bébé endormi dans son berceau, et donner la consigne qu'on ne la réveille pas pour le petit dèj'...


sage-femme... prendre soin des femmes. cette nuit je n'ai pas fait d'actes, ou si peu. et pourtant ce que j'ai fait est tellement plus important...

mercredi 15 janvier 2014

surprise!

"bon, tu rigoles pas, mais j'ai là une dame qui dit qu'elle a perdu les eaux, mais elle sait pas de combien elle est enceinte... "
les urgences, les femmes enceintes, ils aiment pas trop. enfin celle là, l'infirmière au bout du fil n'arrive pas à savoir si elle l'est vraiment, enceinte. mais si elle a perdu les eaux...
"fais la monter, je verrais bien!"
la jeune femme qui arrive a l'air d'avoir des contractions, et pas celles de début de travail... le ventre est petit, je comprend que l'infirmière du bas ait eu des doutes...
"vous êtes suivie chez nous?"
"pour les 3 autres grossesses, oui."
oh oh...
"et pour celle-là?"
"ben... je savais pas que j'étais enceinte... j'ai des doutes depuis hier..."
elle est à complète. direction la salle vite fait, je ne veux pas risquer le préma en salle d'entrée. la puer suit, le pédiatre est prévenu. mon collègue sur le départ s'occupe du papa un peu estomaqué. l'aide soignante court ouvrir les portes. branle bas de combat!
le bout'chou naitra sans souci quelques minutes plus tard. ses parents sont heureux, bien que surpris.
dites, noel, c'est passé non?

dimanche 5 janvier 2014

là bas

je les aime les africaines.
je les admire.

dans leur façon de gérer le travail, la douleur. de claquer des doigts au plus fort de la contraction. de me prendre la main pour me dire que ça fait mal, madame. dans leur obstination à rester allongées. je ne sais pourquoi, elles refusent souvent de prendre une autre position.

dans leurs prières à jésus, à dieu, aie pitié de moi que j'accouche vite... je ne suis pas croyante mais ça doit marcher, enfin pour elle du moins, elle est passée de 2 doigts à 8cm en 2 heures... et puis quand elle lui a demandé de faire descendre son bébé pour qu'il naisse vite...

dans leur façon de pousser, tu es sûre madame je peux y aller? alors j'y vais , la prochaine fois que je sens je pousse, comme ça il sera vite là et je pourrais dormir. tu protèges mon périnée hein?

et dans leur allaitement, mixte en général, et le pire c'est que ça fonctionne, mais il faut lui donner le sein, en plus c'est un garçon, il faut qu'il soit fort et intelligent...

tout est si facile avec elles en général. si naturel. si simple.

merci pour cette jolie naissance. merci pour ton humour. ah oui, on est compliqué les français pour habiller les bébés avec ces vêtements au nom barbare. mais en même temps, ici, il fait froid...

samedi 4 janvier 2014

facile

ils sont venus en avance à la consultation du 9e mois, parce que ça contractait... fin de matinée, début du travail, mais elle a envie d'aller manger, de se balader... je suis bien d'accord avec elle, le soleil hivernal et un bon repas en amoureux sera certainement plus profitable que tourner en rond dans les couloirs de la maternité! rendez vous est pris quand elle le sentira, je réserve une chambre seule et un repas pour ce soir... à tout à l'heure!

fin d'après midi. elle est appuyée sur une table du couloir, elle souffle. le travail est bien, bien avancé, d'ailleurs je préfère partir en salle de suite, une sorte d'intuition... à peine le temps de poser un cathéter bouché (qui ne servira pas^^), d'écouter quelques minutes le coeur de son bébé, la poche des eaux se rompt, elle se tourne sur le côté droit, et met son petit au monde...

peut-on rêver mieux?

vendredi 3 janvier 2014

humanité

là bas, dans son pays, on ignore ce qu'elle a vécu. on a juste compris, à demi-mot, qu'elle ne pouvait pas y retourner.
lui, il l'a ramené ici, sans doute en lui promettant monts et merveilles.
et puis, il l'a mise dehors.
elle vit moitié dehors moitié dans un foyer ouvert la nuit.
elle n'a pas pris de poids en 9 mois. une soupe le soir, un petit dèj' frugale le matin, ça ne nourrit pas...
on a fait nos placards, on a trouvé des vêtements, pour elle, pour le bébé.

il y a eu cette place en centre maternel.
et cette assistante sociale qui a décidé que sans papiers voulait dire sans droits. et qu'elle ne valait pas la peine qu'on se démène pour elle.

elle accouche dans quelques jours.

si aucune solution n'est trouvée, elle sera séparée de son bébé.

je ne veux pas être celle qui appellera l'ASE.
je ne veux pas être là le jour du départ.

ce soir je pleure sur mon putain de pays qui affiche au fronton de ses mairies "liberté égalité fraternité".

tu parles.

mercredi 1 janvier 2014

réveillon

on a eu le temps de manger quelques toasts, de trinquer à la nouvelle année qui s'annonçait.

à minuit, c'est en examinant une future maman que 2014 a débuté.

et puis le 1er bébé de l'année est arrivé, un couple jeune et amoureux, une maman un peu paniquée par l'arrivée de son loupiot, un petit bout en pleine forme...

2013 avait démarré sur les chapeaux de roue, 2014 démarre de même, la nuit fut agitée et la journée s'annoncera de même...

bonne année!