mercredi 31 octobre 2012

pitchounes

6h. une entrée. 36 SA, bébé prévu au 5e percentile... pas franchement le genre de choses qu'on aime accueillir... mais le col est mince, bien ouvert, la tête basse, il est trop tard pour transférer... elle accouchera moins de 2h plus tard, un bébé tonique malgré ses 2 kilos, qui sortira en pleine forme 5 jours plus tard...

5h30. je suis enfin assise depuis 5mn quand les urgences m'amènent une patiente... une jeune femme enceinte de son 2e bébé, prévu tout petit. tout juste à terme, elle a été hospitalisée plusieurs fois pour menace d'accouchement prématuré.... son bébé de 2kilos naitra 20mn plus tard, en pleine forme...

2h30 du matin. la tête du petit homme est juste là. en quelques poussées, sa maman l'aide à naitre... plus de 4 kilos, un beau bébé plein de vie...

ces 3 bébés sont nés en quelques jours... autant vous dire qu'au bain, on rigolait bien!

dimanche 14 octobre 2012

le plus beau métier du monde, parait-il...

qu'elle était longue,cette naissance. en travail depuis le matin, des contractions régulières, douloureuses... mais un col qui résistait. la péridurale avait un peu aidé, le col s'était assoupli. mais un peu d'aide médicamenteuse avait été nécessaire.
cela faisait presque 12h qu'ils étaient arrivés, et enfin l'enfant était tout proche. quarante minutes que l'on poussait. le rythme du bébé jusque là parfait commençait à montrer des signes de faiblesse. la maman, épuisée, réclamait un césarienne...

ventouse facile, et l'enfant est là. blanc. mou. pas de coeur, pas de cri.

vite. ventiler, masser, intuber, adrénaliner. allez petite, repart! ils t'attendent tes parents, juste à côté. ils m'ont vu partir en courant, ils m'ont entendu hurler le nom de ma collègue. ils attendent ton cri qui ne vient pas...
5, 1, 15, 20 minutes. c'est trop long. il n'y a rien. pas un souffle, pas un battement. c'est fini. il faut arrêter. accepter. tu es partie...
à côté la délivrance est faite. il va falloir entrer, regarder tes parents, leur dire.
ce cri. ce cri déchirant de mère...

vendredi 12 octobre 2012

l'étrangère

c'était dans mon ancienne mater, il y a quelques années.

 c'était la nuit.

je suis en suites de couches. je passe de chambre en chambre, je rassure une jeune maman, aide à une mise au sein, donne un anti douleur...

dansun berceau, une forme étrange attire mon regard... "tient elle est marrante votre peluche, c'est quoi?"

ce n'était pas une peluche.

mais une chauve-souris.
qui s'est échappée dans le couloir.

un hurlement (le mien), un deuxième (l'auxiliaire de puériculture).

calfeutrées dans notre bureau, on a appelé la sécurité.

qui n'est pas venue.

je vous laisse imaginer notre nuit...

mercredi 10 octobre 2012

le cri primal...

c'est le milieu de la nuit quand elle arrive... le travail est bien engagé déjà, elle souhaite un accouchement naturel... petit monito de 20mn, et je l'installe dans sa chambre, avec le ballon qu'elle me demande... elle gère tranquillement, je l'assure de ma disponibilité...

1 heure après, son bébé commence à s'engager, il est temps de passer tranquillement en salle... spontanément, elle s'installe sur le côté gauche... elle est calme, dans sa bulle, je me fais discrète, écoutant par intermittence le rythme cardiaque de son bébé...

la poche des eaux se rompt dans un jet, et on devine derrière le périnée la petite tête qui progresse... elle est toujours calme, silencieuse, poussant juste des petits grognements qui accompagne l'avancée de son enfant...

et soudain, un cri, puissant, qui monte, monte, pendant que la tête apparait peu à peu... l'enfant nait dans ce cri de délivrance, magnifique petit homme de + de 4kg...

lundi 8 octobre 2012

début de journée...

ma collègue vient de l'installer dans la baignoire lorsque je prend ma garde... elle souhaite un accouchement dans l'eau, tout se passe bien...

nous sommes au milieu des transmissions quand un grand cri retentit: ça pousse...

une dizaine de minutes plus tard, elle crie: "ça va se percer!" son intuition est la bonne, un jet de vernix me confirme la rupture de la poche des eaux...
la petite tête de sa puce est là, toute proche...on devine les cheveux entre les plis des grandes lèvres...

une première contraction, un cri, la petite touffe de cheveux grandit, grandit, puis disparait... à côté de moi, l'élève puéricultrice écarquille les yeux...

une deuxième contraction, un autre cri, la touffe grandit un peu plus, et disparait...

une dernière contraction, et le petit corps glisse dans l'eau... un instant plus tard, la petite fille est blottie contre sa maman, sans un cri, juste ses grands yeux ouverts sur le monde...

mardi 2 octobre 2012

des petits riens...

elle a une histoire difficile, mariée de force à 14 ans à un homme beaucoup plus âgé, violent, elle l'a quitté et s'est enfuie avec ses 2 enfants pour refaire sa vie avec un agriculteur rencontré sur internet ... ils attendent un petit garçon, lui est attentionné, stressé, blagueur pour cacher son inquiétude... l'accouchement se passe moins bien que prévu et une césarienne sera nécessaire...
ses accouchements précédents, elle les a subis, trop jeune, trop soumise... les bribes qu'elle laisse échapper nous laissent penser que ses souvenirs ne sont que violence et larmes... elle s'en souvient peu d'ailleurs, elle est même incapable de se souvenir du poids de naissance des ses enfants... c'était il y a 15 ans, dans un autre pays, un autre contexte...
alors, tout le long du travail, elle se motivera, se parlant à elle-même, s'injectivant, se rappelant combien elle a vécu bien plus dur... son histoire la rend réceptive au moindre petit geste, à la moindre parole douce... elle remerciera sans cesse ma collègue qui la prend en charge...
dans le service ensuite, elle n'en revient pas d'être entourée ainsi... pourtant, nous n'en faisons pas plus pour elle que pour nos autres patientes, mais sa conscience de la valeur des petits riens est incroyable... un simple coup de gant passé dans son dos me vaut une reconnaissance qui m'étonne, un changement de chambre pour cause de voisine insupportable lui met presque les larmes aux yeux...

ma collègue l'a bien dit: avec ce genre de patiente, au moins, tu sais à quoi tu sers...