Son gendre, ne souhaitant pas assister à l'accouchement, était resté à la maison avec la grande... Alors, c'est elle qui est venue aider, soutenir sa fille pour la naissance de son petit-fils... Le cheveu gras, les dents noires, les ongles sales, peu éduquée, un peu simple... et pourtant si aimante, si présente... Elle recadre sa fille, lui rappelle, lorsque celle-ci commence à parler de son repassage qui l'attend à la maison, qu'à l'instant présent, elle ne doit se préoccuper que du petit bonhomme qui ne va pas tarder à pointer le bout de son nez...
Pour la naissance, elle est émue mais à fond, indique à sa fille que la petite tête est là, juste là... En larmes, elle aura beaucoup de mal à couper le cordon, mettant le ciseau à l'envers, et visant à côté des pinces...
Et puis, sa mission achevée, elle s'eclipsera, gardera la grande pour laisser le papa faire connaissance avec son fils... Ensuite, elle s'en ira gérer le linge et le ménage de sa fille, pour que le retour à la maison soit reposant pour elle...
mercredi 26 septembre 2012
samedi 15 septembre 2012
X
Son nom, je ne l'ai jamais su. Son visage, je l'ai oublié avec les années... Patiente anonyme par choix, simple numéro sur les dossiers...
J'étais étudiante alors, et elle avait accepté ma présence, m'ayant rencontrée la veille en consultation d'urgence...
Ele était seule, uniquement accompagnée d'une assistante sociale froide et distante, par protection ou caractère, je ne sais...
Accouchement sans bruit, silence peu habituel pour une naissance où tout va bien... Aucun rire, aucune impatience, juste attendre que tout ça soit fini...
Son bébé, lui, a crié, seul son, seul souvenir sans doute qu'elle aura de lui... Emmené de suite dans la pièce avoisinante, elle refusera de le voir, de connaitre son sexe, de lui donner un prénom...
Petit garçon en pleine forme nommé par nous 3, "marraines" malgré nous...
J'étais étudiante alors, et elle avait accepté ma présence, m'ayant rencontrée la veille en consultation d'urgence...
Ele était seule, uniquement accompagnée d'une assistante sociale froide et distante, par protection ou caractère, je ne sais...
Accouchement sans bruit, silence peu habituel pour une naissance où tout va bien... Aucun rire, aucune impatience, juste attendre que tout ça soit fini...
Son bébé, lui, a crié, seul son, seul souvenir sans doute qu'elle aura de lui... Emmené de suite dans la pièce avoisinante, elle refusera de le voir, de connaitre son sexe, de lui donner un prénom...
Petit garçon en pleine forme nommé par nous 3, "marraines" malgré nous...
dimanche 9 septembre 2012
Valentin
Les parents de Valentin souhaitaient accueillir leur enfant le plus naturellement possible... Leur appartement était trop petit, trop encombré pour que sa maman envisage d'y donner naissance, comme elle me l'expliquera lors de notre première rencontre... Ils avaient donc loué, pour le dernier mois de grossesse, une petite maison à côté de notre maternité...
Les parents de Valentin avaient un projet de naissance. Rien d'incroyable, rien de bizarre, rien que l'on ne puisse refuser si tout se passait bien...
La maman de Valentin, je l'ai rencontrée 2 ou 3 semaines avant le terme, on a discuté de tout ça, et d'autre chose... Quand elle est partie,je lui ai dit que je travaillais le jour de son terme...
Les parents de Valentin sont arrivés ce matin-là justement... Ils se sont installés dans une des chambres du service, ont fait du ballon, sous la douche, ont respiré, soufflé...
Les parents de Valentin ont accueilli leur petit ensemble, entourés par ma collègue et moi... en toute tranquillité, sans monitoring qui entrave, sans perfusion qui dérange... Ils ont découvert le sexe ensemble, fait du peau à peau, se sont émus devant la première tétée...
Les parents de Valentin, ils sont même restés un jour de plus, parce qu'ils se sentaient bien...
Les parents de Valentin sont le premier couple que j'ai accompagné dans un projet de naissance... pas le dernier...
Les parents de Valentin avaient un projet de naissance. Rien d'incroyable, rien de bizarre, rien que l'on ne puisse refuser si tout se passait bien...
La maman de Valentin, je l'ai rencontrée 2 ou 3 semaines avant le terme, on a discuté de tout ça, et d'autre chose... Quand elle est partie,je lui ai dit que je travaillais le jour de son terme...
Les parents de Valentin sont arrivés ce matin-là justement... Ils se sont installés dans une des chambres du service, ont fait du ballon, sous la douche, ont respiré, soufflé...
Les parents de Valentin ont accueilli leur petit ensemble, entourés par ma collègue et moi... en toute tranquillité, sans monitoring qui entrave, sans perfusion qui dérange... Ils ont découvert le sexe ensemble, fait du peau à peau, se sont émus devant la première tétée...
Les parents de Valentin, ils sont même restés un jour de plus, parce qu'ils se sentaient bien...
Les parents de Valentin sont le premier couple que j'ai accompagné dans un projet de naissance... pas le dernier...
vendredi 7 septembre 2012
Ella
Ella, aujourd'hui, elle doit avoir des couettes et aller à l'école... mais Ella, et ses parents, c'est sans doute elle qui m'a fait comprendre ce qu'était mon métier...
Je suis entrée à l'école de sage-femme un peu "par hasard" dirons-nous. A la base (ne riez pas), je suis partie en PCEM1 pour devenir... légiste ! sauf que l'ambiance ultra concours, j'ai détesté. Moi qui suis du genre à aider tout le monde, je n'étais pas à ma place...
Les sages-femmes, je ne savais même pas ce que c'était. Ma mère a accouché 3 fois sur 4 en clinique, chez moi, on ne jurait que par le gynéco...
La première année, j'ai fini à 15 places de la dernière "sage-femme".
La 2e, j'avais le choix... je savais déjà que je n'irais pas en médecine, et c'est haut et fort (petite pensée au passeur) que j'ai crié "sage-femme!" dans l'amphi ...
J'ai donc débarqué dans ce monde complètement inconnu. Les premiers stages en salle d'acc' ont été une torture, l'impression atroce de ne pas être à ma place... Je m'y suis faite, j'ai appris à raser, à sonder, à poser des monitos, à préparer le PSE de synto... J'ai compris la sainte trilogie "péri-synto-rupture"...
Et puis, en 2e année, j'ai commencé les stages dans d'autres mternités... Où, avec qui? je ne me souviens plus, mais j'ai commencé à comprendre qu'une autre façon de faire existait. J'ai également rencontré, à titre perso, une kinésiologue,qui m'a fait comprendre que la naissance, la mienne en l'occurence, pouvait être à l'origine de bien des troubles, et que cet instant n'était pas à négliger...
En début de 3e année, on nous a demandé de réfléchir à notre stage à option,4 semaines en dernière année... J'ai envoyé des lettres à toutes les maisons de naissances de Belgique et de Suisse, et me suis donc retrouvée, 1 an plus tard, dans cet univers...
Il est 7h du matin, ou à peu près. Je suis réveillée par la sage-femme que j'accompagne pendant mon stage. Une des futures mamans qu'elle suit vient d'arriver, à dilatation complète.
Quand je monte dans la pièce de naissance, elle est dans la baignoire, sereine. La sf m'avait dit, quelques jours auparavant, qu'il fallait être, et non faire... Je fus chargée de masser les mains de la maman afin qu'elle s'ouvre , et pendant longtemps nous sommes restées à nous regarder, rythmées par ses respirations..
Ella est née dans cette baignoire dans les heures qui ont suivies, en douceur...
Au "débriefing" de cette naissance, la maman dira que mon regard dans le sien l'avait beaucoup aidée...
Ella a eu un petit frère, 2 ou 3 ans plus tard... Sa maman dira à la sf, ensuite, que ma présence lui avait manquée...
Je suis entrée à l'école de sage-femme un peu "par hasard" dirons-nous. A la base (ne riez pas), je suis partie en PCEM1 pour devenir... légiste ! sauf que l'ambiance ultra concours, j'ai détesté. Moi qui suis du genre à aider tout le monde, je n'étais pas à ma place...
Les sages-femmes, je ne savais même pas ce que c'était. Ma mère a accouché 3 fois sur 4 en clinique, chez moi, on ne jurait que par le gynéco...
La première année, j'ai fini à 15 places de la dernière "sage-femme".
La 2e, j'avais le choix... je savais déjà que je n'irais pas en médecine, et c'est haut et fort (petite pensée au passeur) que j'ai crié "sage-femme!" dans l'amphi ...
J'ai donc débarqué dans ce monde complètement inconnu. Les premiers stages en salle d'acc' ont été une torture, l'impression atroce de ne pas être à ma place... Je m'y suis faite, j'ai appris à raser, à sonder, à poser des monitos, à préparer le PSE de synto... J'ai compris la sainte trilogie "péri-synto-rupture"...
Et puis, en 2e année, j'ai commencé les stages dans d'autres mternités... Où, avec qui? je ne me souviens plus, mais j'ai commencé à comprendre qu'une autre façon de faire existait. J'ai également rencontré, à titre perso, une kinésiologue,qui m'a fait comprendre que la naissance, la mienne en l'occurence, pouvait être à l'origine de bien des troubles, et que cet instant n'était pas à négliger...
En début de 3e année, on nous a demandé de réfléchir à notre stage à option,4 semaines en dernière année... J'ai envoyé des lettres à toutes les maisons de naissances de Belgique et de Suisse, et me suis donc retrouvée, 1 an plus tard, dans cet univers...
Il est 7h du matin, ou à peu près. Je suis réveillée par la sage-femme que j'accompagne pendant mon stage. Une des futures mamans qu'elle suit vient d'arriver, à dilatation complète.
Quand je monte dans la pièce de naissance, elle est dans la baignoire, sereine. La sf m'avait dit, quelques jours auparavant, qu'il fallait être, et non faire... Je fus chargée de masser les mains de la maman afin qu'elle s'ouvre , et pendant longtemps nous sommes restées à nous regarder, rythmées par ses respirations..
Ella est née dans cette baignoire dans les heures qui ont suivies, en douceur...
Au "débriefing" de cette naissance, la maman dira que mon regard dans le sien l'avait beaucoup aidée...
Ella a eu un petit frère, 2 ou 3 ans plus tard... Sa maman dira à la sf, ensuite, que ma présence lui avait manquée...
jeudi 6 septembre 2012
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